Le financement de la formation professionnelle en France constitue un enjeu crucial tant pour les individus que pour les entreprises. Dans un contexte économique et social où la montée en compétences est un levier pour l’employabilité et la compétitivité, le système français de financement de la formation professionnelle se veut à la fois ambitieux et complexe. Il repose sur plusieurs acteurs institutionnels, publics et privés, qui contribuent à son financement et à son organisation. Cet article propose un état des lieux des mécanismes actuels, tout en identifiant les principaux acteurs impliqués.
La formation professionnelle en France repose sur différents types de financements, destinés à répondre à des besoins variés, qu’il s’agisse de la reconversion professionnelle, de la montée en compétences, ou encore du développement des compétences dans le cadre de l’entreprise. Voici les principales sources de financement :
Le Compte Personnel de Formation (CPF) est l’un des piliers du financement de la formation en France. Depuis sa mise en place en 2015, il permet à chaque actif, qu’il soit salarié, indépendant ou demandeur d’emploi, de cumuler des droits à la formation tout au long de sa carrière. Le CPF est alimenté en heures ou en euros, en fonction de la situation professionnelle de la personne, et permet de financer des formations qualifiantes ou certifiantes.
Les salariés peuvent utiliser leur CPF pour suivre des formations dans des domaines variés, mais elles doivent être validées par des organismes de formation certifiés. Le CPF est un financement individuel, ce qui signifie qu’il est lié à la personne et non à l’employeur.
Les entreprises ont, de leur côté, la possibilité de financer la formation de leurs salariés via le Plan de Développement des Compétences (PDC), anciennement appelé Plan de Formation. Ce financement est géré par l’employeur, qui choisit les formations nécessaires pour maintenir ou améliorer les compétences des salariés en fonction des besoins de l’entreprise.
Les entreprises bénéficient d’un financement public pour certaines actions de formation, qui peut être pris en charge par des opérateurs de compétences (OPCO). De plus, les grandes entreprises sont soumises à une contribution obligatoire pour la formation professionnelle, en fonction de la masse salariale.
Les opérateurs de compétences (OPCO) jouent un rôle central dans le financement de la formation professionnelle des salariés en entreprise. Ces structures ont pour mission d’accompagner les entreprises dans la gestion de la formation et de financer les actions de formation pour les salariés. Chaque OPCO est dédié à un secteur professionnel et s’assure que les formations dispensées correspondent aux besoins des entreprises du secteur.
Les OPCO sont financés par une contribution obligatoire des entreprises, calculée en fonction de leur masse salariale. Les fonds collectés sont ensuite redistribués sous forme de financements pour les formations.
Pour les demandeurs d’emploi, Pôle emploi est l’acteur principal du financement de la formation. Par le biais de dispositifs tels que l’Aide Individuelle à la Formation (AIF), Pôle emploi prend en charge une partie ou la totalité des frais de formation des demandeurs d’emploi, en fonction de leur projet professionnel. Ce financement vise à favoriser le retour à l’emploi en permettant aux demandeurs d’emploi d’acquérir les compétences nécessaires à leur reconversion ou à leur insertion professionnelle.
Pour les personnes souhaitant se reconvertir ou se réorienter professionnellement, des dispositifs spécifiques existent, comme le Transition Pro (anciennement FONGECIF). Ces fonds sont destinés à financer des formations longues dans le cadre de projets de reconversion ou de transition professionnelle.
Dépense pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage (Source: Insee) | ||
(Milliards €) | ||
Public bénéficiaire | 2022 | 2023 (p) |
Jeunes1 | 14,3 | 15,5 |
Apprentissage | 14,1 | 15,3 |
Autres formations | 0,2 | 0,1 |
Personnes en recherche d’emploi | 9,7 | 9,6 |
Actifs occupés du secteur privé | 6,8 | 6,4 |
Formations sanitaires et sociales2 | 1,3 | 1,4 |
Ensemble hors fonctions publiques pour leurs agents et dépenses directes des entreprises | 32,1 | 32,9 |
Dépenses directes des entreprises pour leurs salariés | nd | 15,3 |
Dépenses des fonctions publiques pour leurs propres agents | 6,7 | 7,0 |
Ensemble | nd | 55,3 |
nd : donnée non disponible. | ||
p : données provisoires. | ||
1. Les dépenses non ciblées bénéficiant aux jeunes sont classées avec celles des actifs occupés (plan de formation, …) ou des personnes en recherche d’emploi (jeunes bénéficiant de l’aide au retour à l’emploi-formation (Aref), …). | ||
2. Ces dépenses ne ciblent pas un public spécifique ; elles peuvent concerner des actifs occupés ou des personnes en recherche d’emploi, de la formation initiale ou continue. Les sources disponibles ne permettent pas de les ventiler. | ||
Lecture : en 2023, la dépense de formation professionnelle continue en faveur des personnes en recherche d’emploi s’élève à 9,6 milliards d’euros. | ||
Champ : France. | ||
Source : contributeurs multiples (voir encadré 4 page 47, Projet de loi de finances 2025, jaune budgétaire, formation professionnelle) ; traitement Dares. |
Les principaux acteurs du financement de la formation professionnelle en France sont multiples et diversifiés. Ils incluent l’État, qui joue un rôle clé via des dispositifs comme le Compte Personnel de Formation (CPF) et les programmes de formation continue, notamment dans le cadre de la transition professionnelle. Les employeurs sont également des acteurs majeurs, financant la formation de leurs employés par le biais de contributions obligatoires ou volontaires, telles que la contribution à la formation professionnelle.
Les entreprises ont une responsabilité centrale dans le financement de la formation professionnelle, notamment à travers le Plan de Développement des Compétences et leurs contributions obligatoires versées aux OPCO. Les grandes entreprises (plus de 50 salariés) sont particulièrement engagées dans ce domaine, devant respecter des quotas de formation.
L’État joue un rôle clé dans la régulation et la redistribution des fonds pour la formation professionnelle. Par le biais de Pôle emploi, du CPF et des opérateurs de compétences, il soutient le financement des formations, tant pour les salariés que pour les demandeurs d’emploi. L’État s’assure aussi de l’équité d’accès à la formation, en particulier pour les publics les plus vulnérables ou éloignés de l’emploi.
Les conseils régionaux ont un rôle de gestion dans le financement de la formation des demandeurs d’emploi et des jeunes. Ils participent activement à la mise en œuvre des dispositifs régionaux de formation, et en collaboration avec l’État, ils déterminent les priorités en matière de compétences nécessaires au développement économique local.
Les OPCO sont des acteurs clés du financement de la formation professionnelle dans les entreprises. Ils collectent les contributions des entreprises et les redistribuent sous forme de financements pour les actions de formation. Leur rôle est essentiel pour garantir l’adéquation entre les formations financées et les besoins des entreprises et des salariés.
Les organismes de formation (centres de formation, écoles spécialisées, universités, etc.) sont les prestataires qui dispensent les formations financées par les différents dispositifs. Ils jouent un rôle crucial en garantissant la qualité des formations proposées et en assurant la certification des parcours de formation.
Le financement de la formation professionnelle en France repose sur un ensemble d’acteurs publics et privés, avec une pluralité de dispositifs visant à répondre aux besoins des individus et des entreprises. Cependant, pour que ce système fonctionne de manière optimale et permette à tous les actifs d’accéder à la formation tout au long de leur vie professionnelle, il est nécessaire de simplifier l’accès aux dispositifs de financement, d’améliorer l’accompagnement des entreprises et de renforcer la visibilité de ces solutions auprès des travailleurs.