Comment les organismes internationaux prévoient-ils les économies mondiales et nationales ?

Comment les organismes internationaux prévoient-ils les économies mondiales et nationales ?

Plusieurs organismes internationaux dont le FMI (Fonds Monétaire International) et la BCE (Banque Centrale Européenne) publient régulièrement des prévisions globales ou régionales, sectorielles ou macroéconomiques. Ces prévisions sont attendues et utilisées par les gouvernements et les entreprises à travers le monde. Ainsi, le FMI publie deux fois par an ses Perspectives de l’économie mondiale qui analysent l’évolution économique au niveau mondial, par grands groupes de pays (classés par région géographique, selon le stade de développement, etc.) ainsi que dans plusieurs pays individuels.

L’exemple du FMI

Si on prend l’exemple du FMI, il utilise plusieurs types de modèles de prévision, dont la majeure partie est de nature macro-économétrique. Il utilise, pour l’essentiel, les modèles DSGE, ou modèles d’équilibre général dynamique et stochastique (Dynamic Stochastique General Equilibrium).

Ces modèles économétriques DSGE constituent aujourd’hui la modélisation dominante en macro-économie au sein des banques centrales et des institutions internationales. Une description plus détaillée dans le papier de Mourad Ayouz (Les modèles DSGE : intérêts et limites pour l’analyse économique) permet d’avoir une description assez complète de ce type de modèles.

Afin d’avoir une idée très simplifiée du fonctionnement de ces modèles, le papier de Francesco Sergi (L’histoire « faussement » naïve des modèles DSGE, 2015), décrit comment ces modèles DSGE permettent de projeter divers agrégats macro-économiques sur la base des six étapes fondamentales suivantes :

  1. « L’objectif est d’étudier le cycle des affaires, entendu comme l’ensemble des co-mouvements des séries des grands agrégats (Lucas, 1977). Le cadre méthodologique est celui d’un modèle d’équilibre général intertemporel, de type walrassien. L’approche se situe dans la continuité de Lucas (1972) » ;
  2. « Le modèle décrit une économie peuplée d’agents (ménages, entreprises) représentatifs (ou homogènes) et rationnels. Les comportements de ces agents sont « micro-fondés », autrement dit :
  • les agents maximisent sous contrainte leur fonction-objectif (utilité, profit) ;
  • les agents anticipent rationnellement, au sens de Muth (1961) »;
  1. « La dynamique du modèle est engendrée par des composantes stochastiques, affectant l’évolution des variables réelles et monétaires ; celles-ci fournissent l’impulsion (ou « choc ») pour les fluctuations des agrégats, suivant le modèle de « cheval à bascule » (Frisch, 1933) » ;
  2. « Les prix et les salaires sont partiellement rigides, autrement dit leur variation est coûteuse et non-immédiate. Les rigidités sont expliquées principalement à travers les principes de concurrence monopolistique (Dixit et Stiglitz, 1977) et le modèle de Calvo (1983). Ces formulations constituent également un micro-fondement des comportements » ;
  3. « Le modèle décrit une économie d’échange monétaire, autrement dit la monnaie et la politique monétaire jouent un rôle actif dans la détermination de l’équilibre et des fluctuations. Le comportement de l’autorité monétaire est également micro-fondé, suivant la « règle » de Taylor (1993) » ;
  4. Selon le principe de l’économie ouverte, « les modèles comme le GEM (Global Economy Model) du FMI (Bayoumi, 2004) ou le NAWM (New Area-Wide Model) de la BCE (Christoffel et al., 2008) ont vocation à traiter une dimension internationale, intégrant donc l’évolution de la balance courante ainsi et des taux de change. Ces aspects sont modélisés à partir du corpus de la « new open economy macroeconomics » (Lane, 2001; Obstfeld et Rogoff, 2000) ».
 

Le modèle DSGE

Toujours selon le papier de Francesco Sergi, formellement, un modèle DSGE repose sur les trois équations-clé suivantes :

  • « L’équation d’Euler, résultant de la maximisation du consommateur rationnel, permet de définir l’équilibre sur le marché des biens sous la forme d’un output gap dépendant de l’inflation anticipée et du taux d’intérêt nominal » ;

 

  • « Le niveau d’inflation courante πt est défini par une courbe de Phillips « néokeynésienne », intégrant les anticipations rationnelles et le niveau de rigidité des prix » ;

 

  • « La règle de politique monétaire à la Taylor (1993) définit le comportement de l’autorité monétaire dans sa fixation du taux d’intérêt en fonction de l’inflation courante et de l’output gap ».

Le FMI utilise plusieurs ressources pour ses travaux de modélisation et de prévision dont Stata, EViews et R-Studio.